Soleil Profond - devlog 2
Il s'agit probablement de mon dernier devlog au sujet de Soleil Profond, projet en cours (https://locus-solus.itch.io/soleil-profond). Il y en aura eu peu en comparaison avec Papillon / Tonnerre. Car cette fois, j'arpente des sentiers battus en matière de gameplay et système de résolution, même s'il y a des règles supplémentaires par rapport à une « base OSR ».
Ici, je vais parler de la rédaction, une tâche difficile en raison du grand nombre d’informations qu’il faut transmettre dans le cadre de cette aventure.
Structure et ergonomie
Le but est de rendre l'ouvrage facile à lire de manière linéaire (comme on lirait un roman), mais aussi de rendre l'information accessible pour la meneuse à la table de jeu.
Les informations à transmettre ne sont pas adaptées au caractère séquentiel d'un manuel. À peu près n'importe quel autre support serait mieux adapté (carte mentale, carte relationnelle, carte géographique).
Ce problème peut être approché de différentes manières. Déjà, il est tout à fait possible et souhaitable de justement inclure des cartes géographiques et relationnelles dans un manuel de jeu. Ensuite, on utilise principalement deux outils : la référence (renvoyant à une autre page pour plus d'informations sur un sujet évoqué) et la répétition (une même information est répétée à différents endroits du texte où la meneuse pourrait en avoir besoin).
Le livre Soleil Profond est divisé en cinq grandes sections, chacune ayant des fonctions et des contextes d’utilisation distincts.
- Présentation des éléments importants de Soleil Profond à la meneuse : le résumé du concept, les inspirations, les thèmes et l'esthétique, et la vérité (les secrets du jeu).
- Comment présenter le jeu aux joueuses.
- Mécaniques de jeu. Règles de résolution des actions, de création des PJ, etc.
- Lieux, factions et PNJ. C'est la partie la plus volumineuse.
- Lancement de la partie.
Après ce texte viennent des mémos résumant la chronologie, les rencontres, etc.
La première partie doit être lue par la meneuse de manière linéaire et assimilée comme un pré requis à la compréhension du reste de l'ouvrage. Il ne s'agit pas d'apprendre par cœur, les mémos étant là pour aider dans la suite de la lecture, ainsi qu'une certaine redondance de l'information.
Les deuxièmes et troisièmes parties forment le socle de connaissances communes à la meneuse et aux joueuses.
La quatrième partie présente la particularité de devoir être utilisable en cours de session de jeu.
La cinquième partie cadre la première session de jeu.
Finalement, ce qui va poser le plus de défis en ce qui concerne l'organisation de l'information est la quatrième partie. Cette section présente un « hex crawl », un espace géographique découpé en hexagones qui sont autant d'unités d'exploration pour les PJ.
Chaque hexagone contient des lieux, rencontres, objets, etc.
La description d'un hexagone, bien que lue par avance, doit présenter l'information sous une forme exploitable à la table de jeu.
Physiquement, il faut penser par doubles pages, c'est-à-dire organiser le texte de manière à ce qu'une unité d'information soit accessible sans manipulations du livre.
Patrick Stuart appelle cette unité d'information une « stanza » (https://falsemachine.blogspot.com/2014/07/my-thoughts-on-making-adventures.html et https://falsemachine.blogspot.com/2016/04/the-adventure-stanza.html).
La plupart des descriptions d'hexagone ne tiennent pas sur une double page A5. Une solution est d'organiser la présentation par pages.
Pour chaque hexagone, la première page présente les informations importantes, avec notamment les opportunités et dangers pour les PJ. Créer ce « chapeau » résumant ce qu'on peut trouver dans un hexagone peut sembler indispensable, mais j'ai pu constater que :
- Tous les ouvrages de ce type ne le font pas, pour différentes raisons. Parfois il s'agit d'un manquement, parfois une autre technique est utilisée, comme la mise en exergue par la typographie (gras, par exemple) des points importants dans le texte.
- Je n'ai moi-même pas eu ce réflexe dans le premier jet de Biome pour les différentes pièces de la station spatiale. Heureusement, dans ce cas précis, Linou MajorZero m'a incité à préciser en tête de texte les accès à la pièce, ainsi que les opportunités et dangers qu'elle présente aux PJ.
Les pages suivantes présentent les détails, en veillant à ce qu'une rencontre ou un lieu soit toujours contenu dans la même page ou double page.
Tous ces problèmes sont aussi liés à la hiérarchie des informations dans la séquence du texte (quelle information donner en premier). Ce sujet est également abordé par P. Stuart dans cet article : https://falsemachine.blogspot.com/2021/03/the-auction-of-first-hundred-words.html.
Style
D'un point de vue du style, on peut poursuivre le même idéal de lecture fluide combinée à une exposition claire des informations de jeu.
Là encore, après relecture du premier jet de Biome, Linou m'avait poussé à développer et mieux transmettre des « images mentales » à travers mon texte. Dans le but d'augmenter non seulement le plaisir de lecture, mais aussi (et peut-être surtout) d'aider la meneuse à restituer l'ambiance souhaitée par l'auteur à la table de jeu.
Par la suite, j'ai aussi découvert qu'il existait au moins deux approches possibles pour favoriser la projection dans un monde imaginaire. La première est plus littéraire, extensive, elle vise à renforcer l'appréhension du monde imaginaire par une description claire, « réaliste » et détaillée. La seconde est plus poétique, visant une grande capacité d'évocation en un minimum de mots.
Je mets ici de côté les textes détaillant les mécaniques de jeu, qui se doivent souvent d'être très explicites, à la manière d'une notice d'utilisation.
Les deux approches ne sont pas antinomiques et, selon les parties de l'ouvrage considérées, l'une ou l'autre sera plus appropriée.
Il est clair que, pour la description d'un lieu ou d'une rencontre qui doit tenir sur une double page, l'approche « poétique » sera plus efficace, évoquant les images souhaitées en peu de mots. Évidemment, c'est l'approche demandant le plus de travail pour moi, la moins naturelle. Je tente de m'améliorer en mettant en œuvre plusieurs astuces :
- S'inspirer d'une image (dessin, photo, peinture) et tenter de décrire ce qu'elle évoque.
- Tout écrire en détail, sur-écrire, puis réduire ensuite le texte aux concepts essentiels ou forts (l'écriture poétique vise l'intensité).
- Lire de la poésie, noter des vers, ou des descriptions très courtes et évocatrices dans des romans.
Organisation du travail
Pour la rédaction, j'essaie de suivre les étapes suivantes :
- Rédaction d'un premier jet à partir de mes notes et de retours de playtest.
- Impression du premier jet pour relecture. Cette première relecture se concentre sur la complétude et la cohérence des informations.
- Deuxième jet sur maquette, pour pouvoir retravailler la longueur et la structure physique du texte, à faire tenir en pages ou doubles pages.
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